Le vendredi dernier, Le Burundi a annoncé son retrait de la cour pénale internationale(CPI). Cette mesure intervient une semaine après l’ouverture d’une enquête de l’ONU sur les violations des droits de l’homme commis dans le pays depuis Avril 2015
Le 7 octobre le premier vice-président a déclaré : « Nous avons pris cette option de nous retirer de la CPI. Le projet de loi va maintenant être envoyé au niveau de l’Assemblée nationale pour adoption »
Cette décision intervient après l’’annonce de l’ONU d’ouvrir une enquête visant 12 personnalités du régime soupçonnées d’avoir joué un rôle dans la commission de crimes depuis le début de la crise en avril 2015. Parmi eux, le numéro 2 du pouvoir : le général Alain-Guillaume Bunyoni.
En Avril la procureure de la CPI a lancé contre le Burundi un examen préliminaire sur des meurtres, des tortures et viols. Tandis que le 20 septembre un rapport de l’ONU a accusé Bujumbura d’être responsable de graves violations des droits, systématiques et constantes. Ce rapport avait en outre mis en garde contre de possibles «crimes contre l’humanité» et un «grand danger de génocide».
Complot
«On se rend parfaitement compte qu’il s’agit d’un complot (de la communauté internationale) qui vise à faire du mal au Burundi», a ajouté le premier vice-président. Il a évoqué «la pression» exercée selon lui par l’UE sur le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
Gaston Sindimwo a estimé vendredi que la CPI est un «moyen politique» utilisé par la communauté internationale pour «opprimer les pays africains». Il s’est ainsi fait l’écho de critiques récurrentes de certains pays africains contre la CPI.
Justice internationale
Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet de la même année au terme d’une élection boycottée par l’opposition. Les violences ont fait plus de 500 morts et poussé plus de 270’000 personnes à quitter le pays.
Un retrait du Burundi de la CPI ne lui permettrait pas, en théorie, de se soustraire à la justice internationale. La CPI ne peut certes pas enquêter de sa propre initiative sur un pays non membre, mais elle peut le faire si le Conseil de sécurité de l’ONU l’y autorise, comme ce fut le cas pour le Darfour (2005) et la Libye (2011).
De plus, le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, stipule que «le retrait prend effet un an après la date à laquelle la notification a été reçue, à moins que celle-ci ne prévoie une date postérieure» et «n’affecte en rien la poursuite de l’examen des affaires que la Cour avait déjà commencé à examiner avant la date à laquelle il a pris effet».
Firmin Teko-Agbo/Sylvanus Dankou
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