L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a soufflé son 30ème bougie cette année 2016. Ce fut une occasion pour l’institution internationale de rassembler ses partenaires du Réseau SOS-Torture qui compte plus de 200 organisations réparties dans le monde. Ainsi du 23 au 26 Novembre dernier, se sont tenus au Centre International de Conférences à Genève (CICG), une réunion du conseil consultatif, un forum de deux jours et une Assemblée Générale, qui s’inscrivent tous dans la commémoration du 30ème anniversaire. Une équipe du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo invitée pour l’occasion, a approché la Directrice de Programme-Convention contre la Torture de l’OMCT, Mme Carin Benninger-Budel pour échanger sur les acquis et les défis actuels de l’organisation.
Cacit.org : Bonjour Mme Carin BENNINGER-BUDEL
Carin B.B. : Bonjour CACIT, tout le plaisir est pour moi.
Cacit.org : L’OMCT fait partie d’un réseau dénommé « SOS TORTURE ». De quoi s’agit-il exactement ?
Carin B.B. : L’OMCT travaille pour, avec et à travers le réseau SOS-Torture qui est une coalition internationale d’organisations non gouvernementales luttant contre la torture, les exécutions sommaires, les disparitions forcées et tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant. Le rôle principal de l’OMCT consiste à rapprocher ces organisations entre elles, en soutenant leurs actions afin que celles-ci aient un impact dans leur pays mais aussi aux niveaux régional et international. Les membres du réseau SOS-Torture sont donc au cœur du fonctionnement de l’OMCT.
Cacit.org : Le Réseau SOS-Torture a pris part à un forum organisé par l’OMCT, les 24 et 25 novembre derniers. Pourquoi cette rencontre ?
Carin B.B. : Pour son 30ème anniversaire, l’OMCT a organisé ce forum mondial afin d’échanger sur les points de vue liés aux préoccupations en matière de torture, et de proposer des stratégies de mobilisation de tous les acteurs impliqués pour la mise en œuvre de normes anti-torture aujourd’hui dans un monde. Un monde où l’engagement des États pour les droits de l’Homme s’affaiblit et où les défenseurs des droits de l’homme sont de plus en plus victimes de représailles sous forme d’arrestation, de poursuites judiciaires, surtout quand ils travaillent sur un sujet aussi sensible comme la torture. C’est donc une occasion pour l’OMCT et ses partenaires de s’appuyer sur la dynamique déjà engagée pour tirer les leçons, relever les nouveaux défis auxquels ils sont confrontés à travers leur travail en synergie et ainsi renouveler leur engagement pour la noble cause.
Cacit.org : Avant le forum, une séance de travail avec les partenaires sur l’action contre la torture que vous menez depuis près de 3ans dans 6 pays s’est déroulée dans vos locaux ? L’objectif ?
Carin B.B. : Il y a plus de 30 ans, la Convention contre la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants est entrée en vigueur. En octobre de cette année, la Convention compte 160 Etats parties. Mais si la Convention a contribué à d’importants progrès dans la prévention et la protection contre la torture dans le monde, de nombreux États ne sont toujours pas à la hauteur de leurs obligations en vertu de la Convention.Les défis sont multiples. Il existe des situations de torture omniprésente, l’absence de lois criminalisant la torture, l’impunité, l’absence de recours et la réparation aux victimes, le non-respect de l’obligation d’envoyer des rapports alternatifs au Comité contre la torture.
Pour cette raison, l’OMCT et six organisations partenaires mettent en œuvre un projet conjoint sur la mise en œuvre de la Convention Contre la Torture et sur la Responsabilité des États au Bangladesh, en Colombie, en Côte d’Ivoire, au Mexique, au Pakistan et au Togo. Ce dernier étant représenté par le CACIT. Il est important de partager les bonnes pratiques concernant la réalisation de la Convention contre la Torture ainsi qu’échanger sur les préoccupations, les défis à venir afin de progresser ensemble. Les partenaires qui travaillent tous dans un contexte différent ont pu aborder de multiples inquiétudes comme « comment pouvons-nous mieux engager les autorités et les sociétés à respecter les principes de la Convention contre la torture? », « quels sont les avantages de l’utilisation des mécanismes de la Convention contre la torture comme outil de plaidoyer des ONG afin d’obtenir la justice ? », pour ne citer que celles-là. Ce fut donc une séance-bilan, qui nous a permis surtout de partager les acquis et les bonnes pratiques.
Cacit.org : L’une des organisations que vous appuyez est le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo. Quelle appréciation faites-vous du travail du CACIT ?
Carin B.B. : Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), membre de longue date du Réseau SOS-Torture de l’OMCT dans la lutte contre la torture, est une organisation reconnue comme celle qui défend au mieux droits de l’Homme au Togo, mais aussi dans la région et au niveau international. En conséquence, le CACIT ne lésine sur aucune occasion pour mettre en œuvre nos actions. Et Ayant à la fois une approche légale, politique et publique, le CACIT rend notre partenariat très inspirant et motivant pour notre équipe. J’espère que nous aurions encore des opportunités et de multiples possibilités pour pérenniser notre travail dans le futur.
Cacit.org :Comment comptez-vous renforcer le réseau « SOS TORTURE » pour plus d’efficacité sur le terrain, surtout en Afrique et au Togo ?
Carin B.B. : Dans les années à venir, nous souhaitons mettre l’accent sur des actions collectives, des renforcements de capacités et des partages d’expériences. Les ONG nationales et locales peuvent être confrontées à des défis mondiaux plus larges en matière de prévention de la torture et peuvent se trouver impuissantes face aux autorités et l’insécurité qui mettent en péril leur travail. Pourtant, les organisations anti-torture ont un accès direct à l’information ainsi qu’au savoir-faire et à l’expérience. Donc c’est important de partager et de transformer des expériences individuelles en actions communes. En tant que réseau mondial, l’OMCT est idéalement placée pour faciliter un travail thématique plus vaste. Il est donc fondamental pour nous d’apporter cette sagesse collective, l’expérience au premier plan et d’apporter cette connaissance locale au niveau mondial pour le plaidoyer. Grâce à ce modèle, l’OMCT peut s’attaquer aux défis nouveaux et persistants qui guident le mouvement mondial contre la torture. Cacit.org : Merci Carin Carin B.B. : C’est moi qui vous remercie. Mes salutations à toute l’équipe du CACIT. Le meilleur reste à venir.
Interview réalisée à Genève(Suisse)par Laure AMOUSSOU-AMANA
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